Des organismes très officiels font une analyse sévère des projets routiers comme l’A51, ou le Grand contournement de Strasbourg (un projet similaire à « notre » Rocade Nord). Il est temps de changer de priorités !
Deux projets de grandes voiries sont en grande difficulté. Leur abandon définitif, qui semble maintenant très probable, serait un signe fort qu’il faut abandonner de tels projets routiers et donner la priorité aux modes alternatifs à la voiture.
Le Conseil général de l’Isère, qui se vante d’avoir l’Agenda 21 « le plus écologique de France », restera-t-il sourd à ces avertissements qui se multiplient?
A51 : vers un abandon de l’autoroute col du Fau – Sisteron
Le Gouvernement s’oriente vers une solution de modernisation de la RN75 existante. Mais il était initialement prévu que l’A51 se poursuive de 30 km entre La Saulce près de Gap et Sisteron.
Dans le cadre de la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI), le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, qui dépend du Ministère de L’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM – ex MEEDDAT) a réalisé en novembre 2009 le bilan de l’A51.
Les constats du CGEDD confirment de manière éclatante les critiques que les associations environnementales (dont la FRAPNA Isère , membre du CAIRN) avaient formulées contre ce projet d’A51:
- augmentation de 72 % des coûts de construction de l’A51 par rapport à l’Avant Projet Sommaire (APS).
- le trafic sur l’A51 est inférieur de 21 % aux prévisions !
- seulement 44 % des poids lourds choisissent l’A51 à péage, les 66 autres continuent à circuler sur la RN 85 !
- la création d’une zone d’activité risque de faire obstacle aux flux de la faune et de réduire l’intérêt des mesures compensatoires !
- au regard des circonstances actuelles (crise économique, Grenelle de l’Environnement…), le GCEDD s’interroge sur la pertinence d’avoir construit une autoroute à péage à 2 x 2 voies sur 30 km et en parallèle une route à 2 x 2 voies sur 20 km…
- enfin, des investissements non autoroutiers, de moindre envergure et avec un impact plus faible sur l’environnement, auraient certainement pu apporter une amélioration plus significative de la desserte routière.
Le rapport complet du CGEDD est téléchargeable sur le site du CAIRN
Vers une annulation de la déclaration d’utilité publique du « Grand contournement ouest » de Strasbourg
Nous avions déjà rappelé les raisons pour lesquelles le Maire et le Président de la Communauté urbaine de Strasbourg ont très clairement pris position contre ce projet A355 .
Toute ressemblance avec le projet de Rocade Nord de Grenoble n’est évidemment pas fortuite…
C’est maintenant le Rapporteur public qui arrive à cette conclusion devant les juges du Conseil d’Etat. Il a recommandé l’annulation de la déclaration d’utilité publique du grand contournement ouest (GCO) de la ville de Strasbourg.
Dépêche AFP du 20 janvier 2010 :
« Le rapporteur, Cyril Roger-Lacan, a proposé l’annulation du décret du 23 janvier 2008 », a-t-on indiqué au Conseil d’Etat, qui devrait rendre sa décision définitive d’ici deux à trois semaines NDLR : c’est-à-dire courant frévrier 2010.
Ce décret de janvier 2008 du Premier ministre François Fillon et du ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo avait déclaré d’utilité publique et urgents les travaux de ce projet de concession privée.
Le GCO, qui compte de nombreux opposants en Alsace, est une autoroute à 2×2 voies de 24 km destinée à capter à partir de 2012 une circulation de l’ordre de 40000 véhicules par jour qui asphyxie les axes routiers existant autour de Strasbourg.
« C’est un signal très encourageant pour tous ceux qui contestent depuis des années l’opportunité de ce projet autoroutier destructeur et cela invite le gouvernement à reconsidérer sérieusement les alternatives s’inscrivant dans un projet de transports durables pour l’Alsace », se sont réjouis Jacques Fernique, tête de liste régionale, et Sandrine Bélier, députée européenne, au nom du parti Europe Ecologie Alsace (EEA).
« Les avis du rapporteur public sont la plupart du temps suivis par les juges du Conseil d’Etat », a rappelé M. Fernique.
Selon lui le rapporteur public a soulevé trois problèmes majeurs : la non consultation des Allemands, des lacunes sur les impacts sociaux-économiques du GCO, et enfin des carences sur la prise en compte de l’impact sur la bio-diversité et notamment le grand hamster.
Selon les opposants, qui estiment que d’autres solutions existent, notamment dans le développement de transports collectifs, le GCO ne permettrait de capter temporairement que 4% du trafic routier.
Au niveau de la faune, le GCO constituerait une menace supplémentaire pour le grand hamster d’Alsace, un animal protégé depuis 1993 qui fait partie des mammifères les plus menacés d’Europe.
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